Appel de l’Initiative de Solidarité à la Grèce qui Résiste à un rassemblement protestataire devant la Représentation permanente de la Grèce auprès de l’Union Européenne,
Rue Jacques de Lalaing 19-21, Bruxelles 1040
Grève Générale en Grèce: la résistance continue
La grève générale en Grèce le 23 février devrait être une de plus massives parmi les neuf grèves générales depuis février 2010. C’est un appel à la lutte pour tous les travailleurs, tous les peuples européens. Car la situation en Grèce est le miroir de l'avenir de toute l'Europe.
Aujourd’hui il est clair que l’idée que les réductions salariales ne toucheraient que le secteur public trop ‘privilégié’, lancée que pour diviser la société grecque, n’est en réalité qu’un mensonge; le secteur privé a aussi été fortement touché. Les salaires moyens se sont effondrés de 25 à 30% depuis 2010. Une des dernières mesures gouvernementales donne un coup fatal aux conventions collectives sectorielles en laissant la négociation des salaires et conditions à la discrétion de chaque entreprise.
Dans certaines entreprises, des conventions comprenant un salaire de 640 Euros au lieu de 739,56 prévus par la convention collective nationale ont été déjà autorisées. Selon une recherche récente de l’Université d’Athènes et des syndicats grecs, 60% des salariés en Grèce vivent au dessous du seuil de pauvreté.
Les revenus des indépendants et des petites entreprises s’effondrent aussi. Car, malgré les 98 milliards Euros que les banques grecques ont reçus de l’Etat et les 95 milliards qu’elles ont empruntés à la Banque Centrale Européenne, elles refusent de fournir des crédits au marché. Entretemps les profits des banques et des grands groupes industriels explosent. Les privatisations rampantes touchent les services ferroviaires, les ports, et même les plages –tout est à vendre à trois sous. L’Etat vend tout afin de rembourser ses créanciers, et les acheteurs sont ces mêmes créanciers qui gagnent alors sur tous les tableaux.
L'Irlande a déjà pris le même chemin. L'Espagne et le Portugal seraient les prochains pays à subir le même sort que la Grèce. Si la nouvelle architecture économique proposée par la Commission Européenne, la France et l’Allemagne est adoptée, il en sera de même pour tous les Etats membres de l’Union Européenne. La Grèce n’est que le premier exemple de mise en pratique du nouveau modèle économique et social européen. Ce modèle a été initié cette année, lors du lancement de la nouvelle gouvernance économique de l’UE qui compte introduire le FMI dans la vie économique européenne de façon permanente et qui veut imposer des logiques de gestion propres à la Commission Européenne, pires que celles du FMI, qui vont se pérenniser via l’introduction imminente du ‘mécanisme de stabilité’ dans le Traité de Lisbonne. Par ailleurs, le « Pacte de compétitivité » lancé par Sarkozy - Merkel abolira l’indexation automatique des salaires dans toute l’Europe.
Toute cette nouvelle structure de gouvernance et de politique économique met en œuvre les propositions des organisations patronales européennes (Table Ronde des Industriels, Business Europe etc.). La ‘dialogue social européen’ qui n’a jamais fonctionné se prouve illusoire. Le point de vue des syndicats, des travailleurs, des petites entreprises et des indépendants sont négligés. Les travailleurs ne sont pour les gouvernants européens que des charges, tout comme les chômeurs et les retraités.
Ce nouveau modèle de gouvernance ne vise ni plus ni moins que l’abolition de la souveraineté du peuple qui est le pilier central de la démocratie. Selon lui, les programmes économiques de tous les gouvernements seront décidés par des eurocrates influencés par les lobbyistes du patronat. Les parlements et la société civile de chaque pays n’auront à dire que ‘oui’ ou ‘non’ à un programme économique sous la menace de sanctions de la part de l’UE.
Le gouvernement en affaire courante de la Belgique, sans mandat populaire, n’a aucune légitimité pour voter des mesures de réforme économique. Néanmoins, il s’engage avec les millions d’Euro du contribuable à participer au ‘mécanisme de stabilité’ européen et il soutient des réformes européennes qui lui retirent sa souveraineté fiscale et budgétaire et qui vont interdire l’indexation des salaires en Belgique. Quel gouvernement belge s'engagerait sur le ‘Pacte de la compétitivité’ au Sommet européen du 24 mars?
En Grèce, l'austérité était sensée résoudre le problème de la dette nationale mais au contraire la dette augmente. Les travailleurs ne sont pas prêts à accepter tous cela, les grèves successives en sont un signe. Elles sont accompagnées d’actes de désobéissance civile qui ont pris des dimensions extraordinaires. Avec les actions issues du mouvement ‘Faut pas payer!’, les citoyens protestent contre la multiplication du nombre et du prix des péages, qui sont maintenant privatisés dans leur quasi-totalité, en refusant de payer ou résistent aux nouvelles augmentations du prix des transports publics. Le gouvernement réagit en votant des lois pour rendre criminels de tels actes.
Contre la résistance populaire la seule arme du gouvernement est la répression farouche. A Keratéa, un village d’Attique, le gouvernement veut imposer l'installation d'une déchèterie en dépit d’une décision de la justice grecque. Maintenant le village se trouve littéralement assiégé par des CRS, qui demeurent illégalement sur place pour protéger les machines du constructeur (J&P Avax) qui veut poursuivre les travaux coûte que coûte. Les CRS attaquent les habitants, criant 'Alexis, Alexis', faisant allusion au garçon tué en décembre 2008 par la police, et les menaçant du même sort.
La répression se durcit partout en Europe ; mais le mouvement étudiant britannique, le mouvement contre la reforme des retraites en France, le mouvement syndical en Roumanie, le mouvement contre la séparation de la Belgique ne sont que les premiers signes d'une prise de conscience populaire paneuropéenne : « l'avenir est à nous et pas aux banquiers et aux industriels ».
Des alternatives existent et passent par :
- Un front commun des travailleurs et des peuples européens contre les politiques antisociales et antidémocratiques de l’UE sous les ordres du patronat, des banques et des gouvernements créanciers
- Des commissions d'audit de la dette publique partout. Les contribuables ne doivent pas payer pour des accords illégitimes entre des gouvernements néolibéraux et les banques
- La souveraineté populaire sur la monnaie, le système banquier et l’économie en général
PEOPLES OF EUROPE RISE UP