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Wednesday, September 22, 2010

Qu’est ce qui se passe vraiment en Grèce?

Et pourquoi faut-il arrêter la propagation de “solutions” similaires à d'autres pays?

Un groupe de gens ayant vécu en Grèce et en Belgique raconte :

Détruire les mythes

Mythe n° 1: La crise de la dette grecque a éclaté à cause du secteur public pléthorique

La crise de la dette grecque est souvent attribuée à son secteur public qualifié de “pléthorique”. Mais le taux de dépenses publiques en pourcentage du PNB place la Grèce en dessous de la moyenne de la zone euro, les chiffres correspondants de l’Allemagne et de la Belgique étant beaucoup plus élevés[1]. Entre 2002 et 2006 les dépenses publiques ont chuté, et n’ont augmenté que lors de la période de récession globale, et en grand parti "grâce" aux sauvetages des banques.

Une grande partie de la presse financière a également accusé le taux de dépenses "excessif" consacré aux salaires des fonctionnaires, en pourcentage du PNB, pour la crise. Cette figure a diminué de 11% en 1995 à un peu plus que 10% en 2008 dans la zone euro, alors qu'en Grèce elle a grimpé de 10% à un peu plus de 11%[2]. Il est évident qu'une augmentation si faible ne saurait justifier le déficit existant.

Les dépenses publiques irrationnelles pour les armements ont toujours existé, et pour cette raison elles ne peuvent pas être tenues responsables de la crise du déficit public; toutefois, elles constituent un facteur aggravant pour les finances du pays. Certains politiciens allemands et autres, qui se plaignent de "l'excès de solidarité envers la Grèce" font semblant d'oublier le point que leurs propres pays sont dépendants des dépenses militaires grecs pour faire (sur)vivre leurs industries militaires.

L'origine principale du déficit actuel ne se trouve pas dans l'excès de dépenses, mais plutôt dans l'incapacité de l'Etat à générer des revenus fiscaux[3]. La réduction des taux des impôts appliqués aux entreprises et l'évasion fiscale des grandes compagnies et des grandes fortunes ont amené le déficit grec à son record présent: il est estimé que €20 milliards sont toujours dus à l'Etat grec par pas plus que 8.000 personnes et entreprises, ayant commis des fraudes fiscales avérées[4]. Ce montant équivaut au double du montant du déficit que la Grèce a dû refinancer le 19 mai.

Les faiblesses structurelles de l'économie grecque l'ont transformée en proie pour les spéculateurs. Mais à qui la faute pour ces faiblesses? Les régimes d'austérité qui se pérennisent pendant les dernières décennies, et qui sont également liées à l'agenda européen de libéralisation ainsi que l'entrée du pays à la zone euro, ont conduit à une croissance économique de court terme, plutôt qu'à un développement réel. Cette "croissance" a été fondée sur des secteurs sans perspective à long terme, comme le transport de commodités et la vente de biens publics, au profit d’une petite élite grecque. L’opacité des rapports présentés par le gouvernement grec y a aussi contribué. Mais le gouvernement grec n’est pas le seul coupable dans l’affaire : ils ont eu pour complices des banques mondiales comme Goldman Sachs, qui était embauchée par le gouvernement grec en tant que consultant, et qui fait maintenant l’objet de poursuites judiciaires aux Etats-Unis. Eurostat s’est montré assez inefficace dans son évaluation des données fournies par la Grèce et les autres gouvernements de l’Union Européenne ont préféré ignorer les preuves de falsification, puisque ça ne servait pas leurs intérêts d’ouvrir ce dossier avant qu’il ne soit trop tard pour éviter la catastrophe[5].

La crise du déficit grec n’a atteint son pique qu’au moment ou les spéculateurs ont choisi la Grèce comme cible intermédiaire pour s’attaquer a l’euro. La spéculation financière a fait exploser le cout du crédit et a rendu le cout de refinancement du déficit insoutenable. En effet, la taille absolue de la dette grecque est limitée (comparée, par exemple, à celle de l’Italie), et ce qui la rend facile à manipuler. De plus le choix de la Grèce en tant que cible pour cette attaque était juste une question de conjoncture. Les bonds grecs allaient expirer avant ceux du Portugal. Il faut également noter qu’on trouve parmi les spéculateurs des grandes banques françaises et allemandes, détenteurs de la plus grande partie de la dette grecque[6]. Deutsche Bank a constamment publié des scénarios catastrophiques concernant la situation de l’économie grecque depuis le début de l’année et a fait du lobbying pour continuer la spéculation a travers les Credit Default Swaps[7]. Plusieurs Etats de l’UE ont fermé les yeux devant cette spéculation, qui pourrait bien avoir servit les intérêts de leurs grands exportateurs. Pour l’Allemagne, comme pour tous les pays de la zone euro, le cout du crédit a diminué suite a la crise de la dette grecque, et l’euro moins fort a poussé à la hausse les exportations allemandes, ouvrant ainsi à l’économie allemande une voie de sortie de sa pire récession des 40 dernières années. Le Premier Ministre italien Silvio Berlusconi a récemment déclaré qu’il ne s’inquiète pas de la chute de l’euro car ‘c’est bien pour les exportations italiennes’. Le Ministre français des Finances a déclaré que l’Etat français va même tirer du profit de la dette grecque[8]; cela ne ressemble pas à un grand défilé de solidarité à un pays de la zone euro qui s’est trouvé au milieu du cyclone.

Mythe n° 2: Les Grecs ont fait la fête, ont vécu au-dessus de leurs moyens, ont menti sur leurs chiffres, et maintenant ils demandent à d’autres nations européennes de les faire sortir de la misère

Selon l’OCDE, les Grecs arrivent en premier en temps de travail par an parmi ses pays membres (à l’exception des Coréens). Le travailleur grec moyen travaille 2.120 heures par an – 690 heures de plus qu’un travailleur allemand[9].

Les salaires moyens en Grèce atteignent le 73% de la moyenne de la zone euro, et se classent avant-derniers en termes de pouvoir d’achat salarial dans l’UE. Le revenu net moyen est de €12,800 par an. Selon Eurostat, 60% des retraités grecs reçoivent moins de 600 euros par mois, alors que le cout de la vie est comparable à celui de la Belgique. L’âge de retraite pour la plupart des travailleurs est déjà fixé à 65 ans, malgré la mésinformation très répandue.

Est-ce que les ménages grecs dépensent plus que ce qu’ils gagnent? Des données statistiques montrent que les ménages allemands doivent plus d’argent que les grecs, tandis que la consommation privée par habitant en Grèce est toujours plus basse que la moyenne européenne[10].

Le peuple grec n’est pas une masse homogène. La société grecque est une des sociétés les plus inégales de la zone euro[11]. Si on admet que les grecs ont fait la fête, ce n’est qu’une élite minoritaire qui y a participé, celle composée de grandes compagnies ainsi que d’une part de la classe moyenne supérieure. Il s’agit de gens avec de comptes en banques suisses, de villas au littoral et de Porsche Cayenne.


Mythe n° 3: Le prêt FMI-UE aide le pays et son peuple

Tout d’abord, le programme FMI/UE (notamment sa partie ‘UE’) ne ressemble en rien à une “aide” ou encore à un “sauvetage”, comme l’ont réclamé le FMI, l’UE et d’autres commentateurs. Il s’agit d’une série de prêts, accompagnés de conditions draconiennes et du taux d’intérêt standard du FMI. Quant a la partie ‘UE’ du prêt, il a été accordé a un taux d’intérêt extraordinairement élevé, de 5-6%, quand la croissance du PIB du pays est de -4% p.a. Il est évident que le problème de dette va se pérenniser. Dans 3 ans, quand les prêts auront expiré, la Grèce se retrouvera avec une dette encore plus importante que l’actuelle.

Deuxièmement, ce prêt n’a pas été offert pour aider ‘le peuple grec’. Il a été accordé pour garantir aux banquiers français, allemands et grecs qu’ils ne vont pas perdre ‘leur argent’, pour que l’euro soit sauvé, et pour s’assurer que la crise ne va pas se propager à d’autres économies, comme il est clairement dit dans le document du FMI[12].

Voici l’impact du ‘plan de sauvetage’ de FMI/ UE sur le peuple grec:

· Le pécule de vacances et de congés (qualifiés de ‘13eme et 14eme salaire’) a été abolie pour les salariés du secteur public et les retraités du secteur public et du privé.

· Tous les salaires sont dormais gelés tandis que la TVA augmente de 4%.

· Le salaire minimum pour les nouveaux entrants au marché du travail est réduit de 700 Euros à près de 500 Euros

· Les seuils de licenciements collectifs passent de 2% à 5% et le montant du remboursement correspondant pour de tels licenciements est réduit de 50%.

· Les accords collectifs de travail peuvent dorénavant être violés si l’employeur le considère ‘indispensable’.

· Un grand nombre de services publics, y inclus les chemins de fer et le service de l’eau, vont être privatisés.

· Le budget des domaines de la sante et de l’enseignement est réduit.

· L’âge de retraite pour les femmes augmente de 5 à 17 ans sous le prétexte de l’égalité des sexes.

Des économistes estiment que ces mesures auront pour effet de faire baisser les standards de vie de 25%. Des mesures additionnelles sont attendues, comme des réductions explicites et nominales de salaires également dans le secteur privé, et l’introduction d’une retraite minimale de €360.


Mythe n° 4: Les autres Etats Membres ne courent pas de risques similaires

Des plans d’austérité ont déjà été imposés à: l’Italie (plafond de salaires et gel de recrutement dans le secteur public, réduction des budgets des autorités locales), la Grande Bretagne (500.000 postes vont être réprimées dans le secteur public), l’Espagne et le Portugal (réductions de salaire pour les employés du secteur public).

Herman Van Rompuy, le Président du Conseil Européen a déclaré que la zone euro a failli s’écrouler, mais elle a enfin été sauvée par la décision de la France et de l’Allemagne d’imposer des plans d’austérité et de libéraliser le marché du travail[13]. Cette décision signifie une dégradation massive des standards de vie partout en Europe.

La dette belge augmente de €45 million par jour[14]. Le mot ‘austérité’ a été un tabou lors de la campagne électorale. Et pourtant, dans l’histoire très récente (1993), des crises de déficit ont été tranchés par une hausse générale de la TVA. Les Belges devraient être vigilants afin d’empêcher la vague antisociale paneuropéenne qui va frapper ce pays et afin de défendre leurs standards de vie.


Mythe n° 5: Les manifestants grecs sont des extremistes

Des milliers de gens ont manifesté en paix deux fois par mois depuis le mois d’avril et des millions ont fait la grève. Les feux des médias se sont toujours concentrés sur les incidents violents isolés et ont ignoré les attaques injustifiées de la police contre les manifestants paisibles. Il faudra clarifier qu’il s’agit d’une lutte pour la dignité pour le peuple grec. Se battre contre ces mesures est le seul moyen d’assurer un avenir durable. La dette a été générée par les élites. Pourquoi devraient les travailleurs et citoyens grecs payer pour cela? Les gens grecs et leur niveau de vie ne devrait pas encore une fois être sacrifiés à l’appétit des banques.

La dette de la plupart des états membres de l’UE devra tôt ou tard être restructurée, parce que’elle n’est pas viable. La question qui se pose est dans quelles conditions ceci sera réalisé. Est-ce qu’on va encore mettre en priorité le salut des banques privées par le recours à l’argent public ou préférera-t-on défendre les droits sociaux et le bien-être des européens ?

Initiative de solidarité à la Grèce qui résiste - http://solidarity-greece.blogspot.com



[3] ETUI: Open letter to European policymakers: The Greek crisis is a European crisis and needs European solutions

[4] http://www.enet.gr/?i=news.el.article&id=163313

[11]TARKI EUROPEAN SOCIAL REPORT – Income distribution in European countries: first reflections on the basis of EU-SILC 2005

[14] http://www.ft.com/cms/s/0/a37cfa18-71ca-11df-8eec-00144feabdc0.html

3 comments:

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