CONSTRUISONS LA SOLIDARITE DES
PEUPLES EUROPEENS
Le 12 février 2012 des centaines de milliers de Grecs sont descendus dans
les rues d'Athènes ainsi que d'autres villes grecques pour manifester contre le
nouveau prêt de la 'Troika' qui était à ce moment en train d’être discuté dans le Parlement. Le plan qui
accompagnait ce prêt, dit de 'sauvetage', accélère encore plus le démantèlement
de l'Etat et l'aggravation des conditions de vie de la majorité des Grecs. Avec une procédure d'urgence, qui ne
laissait que quelques heures aux Membres du Parlement grec de lire des
centaines de pages mal ou pas du tout traduites, les députés de la majorité
gouvernementale ont voté en faveur d'un accord qui va faire saigner encore plus
le peuple grec , car "l'Europe et les marchés le demandent". Le
montant total de 130 milliards s'ajoute ainsi à la dette grecque sans que le
peuple n'y touche un sou. Au contraire, c'est encore les banques qui sortent
triomphantes (30 milliards en liquide pour les banques grecques sans aucun
échange, 30 milliards aux banques étrangères et 70 milliards dans des nouvelles
obligations garanties). En plus, par ce nouveau prêt elles se débarrassent
encore de leurs titres de dette grecque, qui sera alors détenue par des
organismes publics (BCE, Etats Membres de l'UE) et alors en cas de faillite
officielle de l’Etat grec, c’est les autres peuples européens qui seront
appelés à payer les pots cassés.
Les conditions de ce prêt s'ajoutent au carnage social qui se déroule pendant
les deux dernières années, qui, selon certaines analyses, ont fait baisser les revenus moyens de 40%.
Selon les statistiques officielles 30%
des Grecs vivent au dessous du seuil de la pauvreté. En même temps, des
milliers de petites et moyennes entreprises (surtout de petits commerçants)
ferment - pour seule la région d'Athènes les prévisions de 2012 parlent de 120,000 fermetures. En même temps le
gouvernement ouvre à la concurrence des multinationales dans les professions
fermées en commençant par les camionneurs, chauffeurs de taxi, et en passant
aux avocats, notaires et pharmaciens, et bientôt dentistes et docteurs, qui
n'auront qu'à devenir des employés des grandes multinationales pour trois
sous...
Le chômage officiel a déjà
touché le 22 % en moyenne, et plus de 40% pour les jeunes. Des dizaines de milliers de Grecs font
la file tous les jours devant les bureaux des allocations chômage - tandis que
d'autres vont chercher leur soupe aux repas du cœur, qui n'arrivent pas à
couvrir les besoins croissants.
Des privatisations de masse sont en train de se mettre en œuvre, et un
grand nombre d'organismes publics dans les domaines de la santé, éducation,
logement social, eau, ressources naturelles etc. Des dépenses dans la santé et
l'éducation ont été coupées de façon massive: les hôpitaux manquent des
médicaments, des structures pour la santé mentale ont été supprimées, et les pharmaciens arrêtent de faire du crédit aux fonds de sécurité
sociale à partir du mois de mars. Les écoliers n'ont reçu aucun livre
jusqu'en décembre, et encore maintenant il y en a qui manquent, et plusieurs
écoles ne sont pas chauffées, faute d'argent pour le pétrole. Des milliers d'enfants, surtout dans les
grandes villes sont malnutris, certains s'évanouissent dans la classe, et
leurs profs mal payés essaient de récolter des fonds pour leur acheter de la
nourriture. Les coups au financement des universités les obligent à se tourner
vers de grandes entreprises, tandis que celles-ci ont récemment été accordées
des places dans les nouvelles structures de gestion des universités. La
première privatisation d'un hôpital public passe par le Parlement aujourd'hui
aussi en procédure d'urgence. Contre
toutes ces mesures, des occupations de ministères, hôpitaux, la création de
réseaux locaux de solidarité, et un fort mouvement étudiant dans les
universités qui a empêché jusqu'ici l'application des nouvelles mesures ont
donné le ton de la lutte.
De nouvelles taxes indirectes ou des taxes sur la propriété sans aucun
critère social sont imposées souvent avec un effet rétroactif. Une de ces
taxes, payée avec le compte d'électricité sous peine de coupure du courant a
provoqué un mouvement massif de désobéissance civile, puisque les municipalités
et les syndicats de la compagnie nationale d'électricité se sont mobilisés pour
assurer que le courant ne sera pas coupé à aucun ménage. En même temps, il n'y
a aucun dialogue social et l’UE ne pousse d’aucune manière vers la taxation des
riches (armateurs, industriels, banquiers...), tandis que les nouvelles lois
sur les 'investissements stratégiques' donnent la possibilité d'exempter les
investisseurs de toute taxe avec une simple décision ministérielle... Selon
Spiegel, le magazine allemand, les élites grecques ont fait sortir du pays pendant l'année dernière autour de 600
milliards d'euros, soit le double de la dette grecque, vers les banques suisses
et autres...
De l'autre côté, les manifestations continues sont réprimées d'une violence
sans précédent, des manifestants pacifiques et même des secouristes se
trouvent pendant des heures sous
l'attaque de gaz lacrymogènes et les agents provocateurs (souvent sous une
guise d' 'anarchistes') sèment la terreur pour que les gens ne descendent pas
dans la rue. La démocratie est abolie par la violation des dispositions de la
Constitution, lors de la formation du gouvernement des banquiers, les
procédures d'urgence qui prennent le Parlement en otage, la violation des
droits fondamentaux, l'annulation de l'indépendance de la justice, le report
sans arrêt de la date des élections... Et bientôt une nouvelle addition à la Constitution, exigée par la Troïka, assurera
que le service de la dette sera officiellement la plus haute priorité de
l'Etat, plus haute que la survie du peuple grec...
Dans ce contexte, le nouveau prêt va encore approfondir le retour au
moyen-âge par plusieurs façons. Dans le cadre des relations du travail, les
conventions collectives sont
pratiquement abolies après un siècle, et le salaire minimum sera défini par le
gouvernement. Le salaire minimum tombe à 490 euros, somme encore plus basse pour les jeunes
travailleurs, tandis que les allocations de chômage tombent à 351 euros dans un
pays où le coût de la vie est comparable à celui de la Belgique. La Troïka
demande que le salaire minimum soit aligné avec celui des pays de l'Europe du
Sud et Sud Est; les retraites vont chuter de 30% en moyenne. Parmi les
conditions qui accompagnent le prêt sont aussi la réduction du personnel du
secteur public trébuchant, avec 150,000 licenciements de fonctionnaires
d'ici 2015. Et encore un exemple terrifiant : 1,1 milliard de coups budgétaires dans le domaine de la santé.
Ces mesures ouvrent le chemin pour l'abattage des droits sociaux partout en
Europe.
Le peuple grec résiste... Plusieurs grèves sont en cours, comme
celle des métallurgistes depuis 4 mois ; les gens se réunissent aux assemblées des quartiers
pour mieux organiser leur lutte ; des réseaux d'échanges sont mis en place
pour établir une solidarité aux plus faibles, comme les sans-abris et les
chômeurs. En plus, politiquement beaucoup de gens se déplacent vers la gauche
communiste et radicale.
Et alors, quelles sont les
solutions? Depuis deux
ans, gouvernement et médias systémiques jouent le chantage de la faillite. Mais
la faillite est déjà là. L'Etat ne paie pas de salaires et il se démontre de
plus en plus incapable de couvrir les besoins primaires de la grande majorité
des Grecs.
Mais les alternatives existent. Elles passent par :
·
une
cessation de paiement d'une dette illégitime. Servir la dette grecque ne fait
que soutenir les banques pour qu'elles continuent d'étrangler les peuples
européens
·
mener
une politique progressiste avec nationalisation des banques, reconstruction du
secteur public, taxation des multinationales et des riches
·
arrêter
la fuite des capitaux et cesser de mettre la survie de la monnaie unique au
dessus de celle du peuple grec.
Et que faire ici en Belgique pour soutenir le
peuple grec?
La solidarité au peuple
grec est indispensable pour arrêter la vague néolibérale, dont le but est de
faire baisser les salaires et le niveau de vie partout en Europe.
Plus particulièrement, il
est urgent de:
·
refuser
la participation de la Belgique au nouveau prêt de 'sauvetage' de la Grèce
·
rejeter
le nouveau pacte européen de l'austérité
·
défendre
les acquis sociaux aussi ici contre les attaques actuelles et futures.
|
Non à la 'solidarité' des
prêts!
Vive la solidarité des
travailleurs et peuples européens!
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