Dimanche 30 septembre, suite à un appel ouvert, une
manifestation antifasciste à moto a été réalisée au centre-ville d’Athènes. La manifestation
a commencé au quartier d‘Exarcheia.
Cette manifestation serait la réponse aux pogroms fascistes
et aux attaques contre des immigrants, qui ont lieu dans plusieurs quartiers
d’Athènes, mais aussi ailleurs en Grèce, par des groupes fascistes, déguisés
(ou pas) en « comités d’habitants ou de commerçants », dans une impunité totale
de la part de la police ou même parfois avec son appui passif. Des liens
dangereux entre l’Aube Dorée et la police ont été temoignés maintes fois. Par
exemple, des avocats qui portaient plainte de la part d'immigrés-victimes de
crime raciste ont été harcelés par des groupes fascistes, qui étaient prévenus,
par la police même semble-t-il, de la présence des avocats aux commissariats.
Cette fois-ci, après un premier affrontement des
antifascistes avec un groupe de fascistes, la police à moto (dite 'group D') a
poursuivi la manifestation. Enfin, 15 militants antifascistes ont été arrêtés ;
lors de leur arrestation ils ont été battus sur plusieurs parties du corps : la
tête, les bras, les jambes, et un manifestant a aussi subi un choc électrique
avec un « taser ».
Les militants arrêtés ont été emmenés au Quartier Général de
la Police, où tout au long de la nuit, ils ont été battus, tirés par les
cheveux, brûlés, photographiés et filmés par les agents de police qui les
surveillaient, et menacés avec une diffusion de leurs données personnelles à
l'Aube Dorée. « On vous connaît maintenant, on va vous tuer, comme on a fait
avec vos grands-pères pendant la guerre civile ». En plus de ce terrorisme, les
militants arrêtés n’ont pas eu le droit de boire de l’eau, ni contacter leurs
avocats ni avoir accès à des soins médicaux (alors que certains étaient
gravement blessés), pendant 19 heures.
Le lendemain, ils ont été emmenés au Tribunal. Pendant
qu’ils se trouvaient dans le Tribunal pour être interrogés, la police a lancé
une attaque contre leurs camarades qui étaient ressemblés en solidarité devant
le Tribunal ; plusieurs ont été battus, 25 ont été détenus. Les 25 ont été
emmenés aussi au Quartier Général de la Police, où ils étaient victimes de la
même sorte de terrorisme, obligés de rester nus et de subir des contrôles
humiliants, et finalement détenus, de façon vindicative, leur détention pour
encore trois jours. Les premiers 15 arrêtés ont été détenus pour encore quatre
jours.
Ils sont tous été emmenés au QG, dans une section surchargée
(elle est désignée pour 30 personnes, et en ce moment il y en a 80, qui
essaient d’y survivre dans de conditions pitoyables).
De faux témoins ont été utilisés (ex. un 'témoin' avait dit
le soir même qu'il n'a pas vu des visages, et le matin il a reconnus 4
personnes). Le procureur public, organe du gouvernement, a été tout au long de
la procédure complètement aligné avec la police, et a insisté que les 4
soi-disant 'reconnus' parmi les 15 soient mis en prison. Mais les juges ont
pris une décision différente, et ont laissé libres tous les 15 arrêtés, 5 jours
après leur arrestation. En revanche, la somme de 45000 euros (3000 euros par personne) leur a été imposée
comme garantie. L'Initiative a déjà collecté 70 euros lors de la manifestation
de solidarité avec le peuple grec à Bruxelles, le 9 octobre, et va
encore collecter des fonds pour les envoyer avant lundi prochain (15 octobre).
Ceux qui voudraient faire un virement par carte bancaire pour soutenir les 15,
peuvent le faire ici .
Le porte-parole de la police a refusé qu'il y a eu des
violences de la part de la police contre les 15. Il devrait être rappelé ici
que la police grecque a une longue histoire de violences et d'impunition.
Dans le cadre actuel de la crise financière, où des grandes
parties du peuple grec sont jetées dans la pauvreté et la misère, l'Etat
soutient de façon plus ou moins ouverte le cannibalisme social et le fascisme
incarné par les troupes criminelles de l'Aube Dorée. Le besoin pour un front
antifasciste réunissant toutes les forces de la gauche est urgent, qui puisse
affronter efficacement l'invasion fasciste et promouvoir la perspective d'une
autre société solidaire face à la peur et la haine prêchées par l'Aube Dorée.
Initiative de Solidarité avec la Grèce qui résiste
Ci-dessous, l'article du journal britannique The Guardian sur ce sujet, apparu le mardi 9 octobre, traduit en français:
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Des activistes antifascistes Grecs torturés par la police après avoir affronter l'Aube Dorée
Quinze manifestants antifascistes arrêtés à Athènes pendant
des émeutes avec des supporteurs du partie neo-nazi Aube Dorée, ont signalé
avoir été torturés dans la Direction Générale de la Police d’Athènes – ils ont
subi ce que leurs avocats ont décrit comme « humiliation genre Abu Ghraib ».
Des membres d’un deuxième groupe de 25 qui ont été arrêtés
après une manifestation de solidarité avec leurs camarades antifascistes le
lendemain, ont évoqué avoir été battus et obligés a rester nus et se pencher
devant des policiers et autres manifestants dans le bâtiment de la Direction de
la Police.
Plusieurs manifestants arrêtés après la première
manifestation, dimanche 30 septembre, ont dit à Guardian qu’ils ont été giflés
et battus par un policier, à la présence de cinq ou six autres, qu’ils ont été
crachés ou « utilisés comme des cendriers », parce qu’ils « puaient », et
qu’ils ont été obligés à rester sans sommeil toute la nuit avec la lumière des
torches et des lasers lancée dans leurs yeux.
Certains ont signalé avoir été brûlés aux bras avec des
briquets, et que des policiers les ont pris en vidéo avec leurs téléphones
portables, en les menaçant de poster leurs images sur internet et donner leurs
adresses à l’Aube Dorée, qui est connue pour avoir commis des actes de violence
politique.
La popularité de l’Aube Dorés a augmenté après les élections
du mois de juin, quand elle a gagné 18 sièges au Parlement. Selon des sondages
récents, elle est devenue troisième partie, après la Nouvelle Démocratie
(conservateurs) et Syriza (gauche).
Le mois dernier, Guardian a évoqué que des victimes de
crimes avaient été encouragées par des policiers d’aller chercher de l’aide à
l’Aube Dorée, à qui ils se sont senties obligées de faire de donations.
Une des deux femmes parmi les arrêtés ont dit que les
policiers ont utilisé des insultes brutales sexuelles contre elle et qu’ils lui
ont tiré la tête par les cheuveux, quand elle a essayé d’éviter d’être filmée.
Les manifestants ont dit qu’ils ont été privés de boire de l’eau et d’avoir
accès à leurs avocats pendant 19 heures. « On avait tellement soif, qu’on a bu
de l’eau dans les toilettes », elle raconte.
Un home blaissé à la tête et avec un bras cassé (au cours de
son arrestation), a accusé la police d’avoir continué à le battre dans la
Direction de la Police et de lui avoir refusé le traitement médical jusqu’au
lendemain matin. Un autre a dit que les policiers lui ont forcé les jambes
écartées et lui ont porté un coup aux testicules pendant son arrestation
« Ils m’ont craché et ils ont dit qu’aurait mouru comme nos
grands-pères pendant la guerre civile », il a dit.
Un autre a dit qu’il a reçu des coups de Taser sur la
colonne vertébrale, pendant qu’il a essayé d’échapper. « C’était comme du choc
électrique. Mes jambes ont paralysé pendant quelques moments et je suis tombé.
Ils m’ont menotté derrière le dos et ont commencé à me donner des coups de pied
aux côtes et à la tête. Après ils m’ont ordonné de rester debout, mais je
n’étais pas capable, alors ils m’ont tiré vers le haut par la chaîne en se
tenant debout sur mon tibia. Ils ont continué à me donner des coups dans la
voiture de service. »
Les manifestants ont demandé que leurs noms ne soient pas
publiés, par peur de revanches par la police ou l’Aube Dorée.
Un deuxième groupe de manifestants ont aussi signalé avoir
été tortures dans la Direction de l Police. « On a tous été obligés de passer
nus devant un policier dans un couloir, de nous pencher devant tout le monde
qui était là présent », un d’entre eux a dit au Guardian. « Il a fait tout ce
qu’il voulait de nous, nous a giflés, battus, ordonnés de le regarder, de ne
pas nous asseoir en tailleur. D’autres policiers sont arrivés mais ils n’ont
rien fait ».
“Tout ce qu’on pouvait faire était de regarder l’un à
l’autre par le coin des yeux pour se donner du courage. Il nous a gardés là
pour plus que deux heures. Il a reçu des coups de fils et il a dit « Je suis au
travail et en train de les niquer bien ». A la fin, seulement quatre d’entre
nous ont reçu la charge de résistance à l’arrestation. C’était un jour venant
du passé, comme pendant le régime des colonels ».
En repondant aux allegations, Christos Manouras, le
porte-parole de la Police grecque, a dit : « Il n’y a pas eu de violence
exercée par les officiers de police contre personne dans la Direction de la
Police. La Police grecque est en train d’examiner en profondeur tous les
rapports évoquant de la violence exercée par les policiers ; s’il y a des
responsabilités, la police imposera de punitions de discipline aux officiers
responsables. Il n’y a aucun doute que la Police grecque respecte les droits de
l’homme et n’utilise pas la violence ».
La manifestation de dimanche 30 septembre a été appellée
suite à des vandalismes contre le Centre de la Communauté Tanzanienne par un
groupe de 80-100 personnes au centre-ville d’Athènes, près du quartier Aghios
Panteleimon, un bastion de l’Aube Dorée, où plusieurs attaques violentes contre
des immigrants se sont produits.
Selon les manifestants, quelques 150 personnes ont circulé
en moto dans le quartier en distribuant des tracts. Ils ont mentionné que
devant le cortège ils ont rencontré deux ou trois hommes en T-shirts noirs de
l’Aube Dorée, et une bagarre a éclaté. Un grand nombre de policiers les a
regagnés par les rues voisines.
Selon Manouras: “Pendant la manifestation en moto, il y a eu
des émeutes parmi les manifestants et des locaux. La police a intervenu pour
éviter la détérioration de la situation et pour rétablir l’ordre public. Il y a
eu peut-être quelques blessures, pendant les émeutes parmi les locaux, les
manifestants et la police.
Marina Daliani, un des avocats poir les 15 d’Athènes, a dit
qu’ils ont été chargés de « troubler la paix publique, les visages couverts »
(parce qu’ils portaient des casques de moto), et de « lésions corporelles
graves » contre deux personnes. Mais, elle a dit, il n’y a eu aucune preuve de
telle lésion jusqu’à présent. Ils ont été libérés avec une garantie de 3000
euros chacun.
Selon Charis Ladis, un autre avocat, le mauvais traitement
des grecs dans la police a éré rare jusqu’à cette année : « Ce cas montre
qu’une page a été tournée. Jusqu’à maintenant il y avait la convinction que
n’importe qui arrêté, même de façon violente, aurait été sûr pendant son
arrestation. Mais ces jeunes gens ont tous dit qu’ils ont fait l’expérience
d’une interminable nuit noire ».
Dimitris Katsaris, un avocet des quatre manifestants, a dit
que ses clients ont subi une humiliation équivalente à Abu Ghraib, faisant
allusion au centre de detention où des Iraquiens avaient été torturés par des
soldats américains pendant la guerre en Iraq. « Il ne s’agit pas ici d’un cas
de brutalité policière de la sorte que vous pouvez entendre sporadiquement dans
n’importe quel pays européen. Ceci se passe tout le temps. Nous possédons des
images, nous avons la preuve de qui se passe contre les gens arrêtés, pendant qu’ils
protestent contre la hausse du partie Neo-nayi en Grèce. Ceci est le nouveau
visage de la brutalité policière, avec la collaboration du système juridique. »
Un des manifestants arrêtés, un home tranquille d’une
trentaine d’années, débout tout seul, a dit : « Les journalistes ici ne
signalent pas ce genre d’incidents. Il faut leur dire ce qui se passe ici, dans
ce pays qui a tellement souffert du Nayisme. Personne n’y va faire attention,
sauf si vous racontez ces choses à l’étranger ».
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